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Prédateurs prénataux
Thu Oct 07, 2021 9:43 pm
Obsédé par les bébés
La nouvelle est tombée de Skidmore, dans le Missouri, le 16 décembre 2004, qu'une femme enceinte, Bobbi Jo Stinnett, 23 ans, avait été assassinée. Attendant une petite fille à la mi-janvier, elle avait été victime d'une femme dérangée ayant une obsession bizarre. Bien qu'il ne s'agisse pas du seul incident de ce type, celui-ci est devenu une nouvelle internationale.
À 15 h 30, Becky Harper, la mère de Bobbie Jo, s'engage dans la rue sans issue où Bobbie Jo vit avec son mari, Zeb. Ils étaient mariés depuis seulement deux ans et étaient sur le point d'avoir leur premier enfant. Becky remarque la porte légèrement entrouverte, ce qui l'inquiète. Il faisait trop froid pour cela, d'autant plus que Bobbie Jo était enceinte. Elle est entrée pour jeter un coup d'oeil, et comme Diane Fanning l'a rapporté dans Baby Be Mine, elle a trouvé sa fille sur le sol, littéralement dépecée. Bobbi Jo respirait à peine et Becky avait l'impression que ses intestins avaient explosé. En appelant le 911, Becky a essayé de ranimer sa fille en suivant les instructions du répartiteur, mais il était trop tard. Bobbie Jo a expiré avant son arrivée à l'hôpital. Elle avait été assassinée, apparemment pour kidnapper son enfant à naître.
M. William Phelps a également relaté cette histoire dans Murder in the Heartland, bien que les deux auteurs aient publié leurs livres avant que les questions juridiques ne surgissent et que le procès ne débute. Le principal suspect avait fait des aveux, mais l'enquête était toujours en cours. William Phelps a abordé l'histoire sous un angle différent en s'entretenant avec Carl Boman, l'ex-mari de l'auteur du crime. Il a pris l'avantage lorsque Boman a proposé de dire tout ce qu'il savait sur sa femme, qui était contrôlante et mentalement instable.
Lisa Montgomery, la suspecte, avait dit aux gens qu'elle était enceinte de jumeaux, mais qu'elle avait fait une fausse couche avec l'un d'eux. Elle s'est procuré une photo d'échographie sur Internet pour montrer aux gens "son" bébé et leur a même dit que la date prévue de l'accouchement était en décembre. Elle avait acheté un certain nombre d'articles, comme toute future mère le ferait, et avait installé une crèche chez elle.
Pourtant, comme le soulignent Phelps et plusieurs journalistes, ce n'était pas la première fois qu'elle prétendait être enceinte, et à ces autres occasions, elle n'a jamais produit de bébé. Elle avait même gonflé son estomac de façon convaincante lors d'une grossesse hystérique, mais en fin de compte, elle n'a pas pu maintenir la ruse. (Certaines femmes sont capables d'avaler de l'air pour simuler la dureté d'un ventre de femme enceinte). On ne savait jamais quoi croire avec Lisa Montgomery. En fait, Boman savait qu'après leur quatrième enfant, elle s'était fait ligaturer les trompes pour éviter d'avoir d'autres enfants, alors pourquoi elle affichait cette grossesse, c'était à n'importe qui de le deviner. La mère de Lisa aurait dit qu'elle était simplement désespérée d'avoir un bébé.
Si désespérée, en fait, qu'elle était prête à comploter un meurtre et à l'exécuter. Elle a mis en place un plan élaboré, a choisi sa victime et a décidé de la manière dont elle allait récupérer le bébé et le ramener à la maison. Ce jour-là, Bobbie Jo n'avait aucune idée de ce qui l'attendait.
Prédateur prénatal
Elle avait rencontré Lisa Montgomery sur un forum Internet consacré aux chiens et elles avaient échangé des courriels sur les rat-terriers de Bobbie Jo. Montgomery a exprimé son intérêt pour voir les chiots chez les Stinnett, et Bobbie Jo était heureuse de trouver quelqu'un d'autre qui avait de l'affection pour ces chiens. Elle invite Lisa, qui utilise un faux nom, à venir chez elle. Bobbie Jo était loin de se douter que Montgomery ne s'intéressait pas à ses chiens ; elle avait ciblé Bobbie Jo parce qu'elle était enceinte. Elle l'avait même appâtée avec des photos de rat-terriers, postées sur un tableau d'affichage quelques jours avant leur rencontre. Rétrospectivement, il est clair qu'elle avait couvert toutes les bases pour tenter de voler le bébé de Bobbie Jo.
Dans l'après-midi du 16 décembre, Montgomery est arrivée au domicile des Stinnett, après avoir parcouru 170 miles depuis le Kansas. On ne sait pas si elle a fait semblant d'évaluer les chiots ou si elle est passée aux choses sérieuses, mais au moment où Montgomery pensait avoir un avantage, elle a frappé par derrière, étranglant Bobbie Jo avec une corde, puis lui ouvrant le ventre avec un couteau de cuisine pour retirer le bébé. L'enfant était une fille.
Montgomery s'enfuit, emportant l'enfant avec elle au Kansas, où elle espérait convaincre son mari, ses enfants et ses amis qu'elle venait d'accoucher. Elle a appelé son mari depuis la route pour le lui dire, et il a apparemment accepté ce développement sans poser de questions. Pendant ce temps, Bobbie Jo a été retrouvée dans une mare de sang.
Ce matin-là, Bobbie Jo avait téléphoné à sa mère et lui avait dit qu'une femme venait d'arriver de Fairfax, dans le Missouri, qu'elle avait rencontrée sur Internet. Elles ont mis fin à leur conversation. Becky a donné cette information à la police. Ils ont également parcouru le quartier pour demander aux habitants ce qu'ils avaient vu.
Le médecin légiste a indiqué que Bobbie Jo avait été ouverte latéralement pour faciliter le retrait du bébé sans le blesser, et que le cordon ombilical avait été coupé. Dans les mains de Bobbie Jo se trouvaient des mèches de cheveux blonds, indiquant qu'il y avait eu une lutte avant sa mort. En fait, il y avait des taches de sang dans toute la pièce, comme si l'auteur du crime avait eu du mal à maîtriser Bobbie Jo. Cela aussi confirme la possibilité qu'une femme ait été impliquée.
Après quelques problèmes bureaucratiques, une alerte "Amber" a été déclenchée pour étendre la recherche du bébé disparu au-delà des frontières de l'État, tandis que des détectives spécialisés dans la criminalistique informatique examinaient les e-mails de Stinnett. Ils ont rapidement déterminé l'identité de son agresseur probable, qui utilisait le nom de Darlene Fischer (pseudonyme Fischer4kids) et cherchait apparemment à acheter un chiot. Cela correspondait à ce que Becky Harper avait rapporté. Des voisins ont dit aux enquêteurs qu'une Honda rouge sale avait été garée devant la maison ce jour-là, et ils ont donc inclus cette information dans le bulletin. Ils espéraient que quelqu'un sur la route l'avait vue. On ne savait pas ce que ce kidnappeur brutal pouvait faire.
Récupération rapide
Un tuyau téléphoné par quelqu'un qui a repéré une Honda rouge ressemblant à celle que les autorités recherchaient a permis d'établir que l'assassin de Bobbie Jo s'était enfui au Kansas. La police y a trouvé la voiture, mais l'a perdue sur une voie sombre lorsque le conducteur a éteint les feux et a continué sa route.
Le lendemain, grâce à des spécialistes en sécurité informatique, les autorités ont appris l'adresse du visiteur de Bobbi Jo et ont localisé la Honda rouge dans l'allée d'une maison à Melvern, au Kansas. Là, ils ont trouvé une petite fille et arrêté Lisa Montgomery.
Sa déclaration selon laquelle elle avait accouché au Topeka Birth and Women's Centre la veille s'est avérée être un mensonge. Dans sa voiture se trouvaient une corde, un couteau, des gants, un masque de ski et d'autres objets compromettants. L'enfant était en bonne santé et les tests ADN ont rapidement confirmé qu'il s'agissait du bébé des Stinnett. Zeb Stinnett a été autorisé à la ramener chez lui. Troublé par la perte de sa femme, il se réjouit néanmoins de retrouver sa fille saine et sauve, et la nomme Victoria Jo.
Avec l'intervention du FBI, Montgomery, 36 ans, a finalement craqué et a avoué le meurtre et l'enlèvement. Comme elle avait trompé son mari sur sa grossesse, il n'a pas été inculpé. L'histoire a fini par se savoir.
Montgomery avait piégé Stinnett en montrant de l'intérêt pour ses chiens. Une photo a fait surface, indiquant qu'ils s'étaient rencontrés quelques mois plus tôt lors d'une exposition canine. Apparemment, elle avait estimé que Bobbie Jo serait à environ un mois de l'accouchement, ce qui garantissait la survie du bébé en cas de naissance prématurée. Elle avait donc pris rendez-vous et fait l'acte, laissant Bobbie Jo se vider de son sang.
Puis Montgomery a téléphoné à son mari depuis Topeka pour lui dire qu'elle avait accouché pendant qu'elle faisait des courses dans cette ville. Il est allé à sa rencontre et l'a ramenée chez lui avec le nouveau bébé, sans se douter que non seulement cet enfant n'était pas le sien, mais qu'il avait été arraché à une femme assassinée. Montgomery a même montré le bébé à des personnes dans une banque, alertant un voisin pour qu'il prévienne la police car le bébé était manifestement prématuré.
L'ancien mari de Montgomery, Carl Boman, a déclaré aux journalistes de l'Associated Press que Montgomery avait souvent cherché à attirer l'attention en prétendant être enceinte, mais qu'elle s'était fait ligaturer les trompes quatorze ans auparavant. Elle a été accusée d'enlèvement ayant entraîné la mort et placée en prison. Avant le début de son procès, plusieurs questions complexes ont été soulevées.
La folie, l'impulsivité et les scanners cérébraux
Les procureurs s'attendaient à ce qu'il y ait une défense d'aliénation mentale. Quelle femme serait si désespérée pour avoir un enfant qu'elle tuerait et mutilerait une autre femme, à moins qu'elle ne soit complètement psychotique ? Elle avait avoué le meurtre, donc la seule chose qui restait à faire à son avocat était une défense d'aliénation mentale. Ses antécédents de grossesses hystériques l'aideraient, tout comme la nature extrême du crime et l'incapacité de la plupart des gens normaux à l'imaginer. Qu'elle ait étranglé Bobbie Jo de ses propres mains pouvait sembler aux jurés l'oeuvre d'une folle.
En fait, le journaliste Kevin Murphy avait déterré un diagnostic potentiel : la pseudocyesis, ou la recherche d'attention en simulant une grossesse ou en la trompant. Il a également mentionné la dissociation, dans laquelle certaines femmes peuvent se convaincre qu'elles sont enceintes au point de présenter des symptômes physiques. La cause sous-jacente est généralement une anxiété intense. Apparemment, l'idée d'être enceinte a un effet calmant. La mère de Montgomery avait déjà essayé de la faire interner, mais elle avait été évaluée comme n'étant pas un danger pour elle-même ou pour les autres, et l'internement avait été refusé. Ceci, aussi, sera évoqué au procès.
Le procureur Todd Graves a annoncé en janvier 2005 qu'il envisageait de demander la peine de mort. En novembre, il l'a confirmé, puis en mars 2007, des questions ont surgi sur des concepts philosophiques. L'avocat de Montgomery, Fred Duchardt, s'est demandé si l'enfant qu'elle avait prétendument coupé de l'utérus était légalement une personne. S'appuyant sur les arrêts de la Cour suprême des États-Unis (Roe v. Wade), il a déclaré que si Victoria Jo était considérée comme un fœtus avant la mort de sa mère, elle ne pouvait pas être légalement enlevée, car elle n'était pas techniquement une personne. De plus, Montgomery n'avait été un danger que pour une seule personne, Bobbie Jo, ce qui réduisait les circonstances à un crime capital. Duchardt a donc demandé à la cour d'interdire aux procureurs de demander la peine de mort.
Graves a fait valoir qu'une fois que Victoria avait été extraite du ventre de sa mère, elle était une personne et pouvait donc être enlevée. En outre, en avril 2004, le président Bush avait promulgué la loi sur les victimes de la violence à l'encontre des enfants à naître, qui protège ces derniers contre les agressions et les meurtres. Ils sont donc définis comme des personnes. Dans ce cas, l'accusation d'enlèvement était toujours pertinente, et Montgomery avait représenté un danger pour deux personnes.
Le procès a été retardé afin que les professionnels de la santé mentale puissent terminer leurs rapports, mais les audiences ont eu lieu à la fin du mois d'août 2007 avec une bataille de neurologues. L'expert de l'accusation, le Dr Alan Evans, a déclaré que le scanner cérébral de Montgomery était proche de la normale, tandis que l'expert de la défense, le Dr Ruben Gur, a déclaré qu'elle présentait une anomalie qui aurait pu entraîner une croyance erronée qu'elle était enceinte. En d'autres termes, les anomalies sur son cerveau étaient compatibles avec un diagnostic de pseudocyesis. Comme le rapporte le Kansas City Star, Gur a affirmé que Montgomery avait souffert d'un traumatisme crânien antérieur qui avait affecté une zone du cerveau contrôlant l'agressivité, et qu'elle n'avait peut-être pas pu s'empêcher de commettre le crime. Le procureur a contesté la crédibilité de ce rapport pour des raisons scientifiques, et la neurologue clinique Helen Mayberg a déclaré que poser un diagnostic sur le comportement de Montgomery à partir d'un scanner cérébral "est fondamentalement impossible".
Le procès était prévu pour octobre 2007, avec une défense d'aliénation mentale comprenant des preuves que Montgomery souffrait de dépression, de stress post-traumatique, de délires de grossesse et d'impulsivité. Il appartenait au juge Gary Fenner de décider ce qu'il acceptait comme preuve scientifique, mais à ce jour, il n'a pas encore pris sa décision. La sélection du jury a commencé le 1er octobre et le procès devrait durer un mois, avec plus de 100 éléments de preuve et presque autant de témoins. La question philosophique avait été résolue, au moins, avec la décision de considérer Victoria Jo comme une personne, avec tous ses droits.
Pourtant, ce n'était pas le premier incident de ce genre, et d'autres ont connu des issues bien pires.
Triple Homicide
À Addison, dans l'Illinois, en 1995, un couple nommé Fedell Caffey et Jacqueline Williams voulait désespérément un bébé, et ils connaissaient une femme, Deborah Evans, qui était prête à accoucher. Ils pensaient que le père de l'enfant était Lavern Ward, le cousin de Williams et l'ancien petit ami de Deborah. Deborah a eu un fils avec lui, qui avait alors dix-neuf mois. Elle avait également une ordonnance restrictive contre Ward pour violence domestique, et il était suffisamment en colère pour avoir menacé de la tuer. Cependant, Deborah avait souvent été gentille avec Williams, ce qui rend l'incident encore plus sinistre.
Tous trois sont entrés au domicile de Deborah le soir du 16 novembre, et Williams ou Caffey ont tiré une balle dans la tête de Deborah, mais la balle a touché un os et n'a fait que la rendre invalide. Ward et Caffey ont ensuite poignardé à mort la fille de Deborah, âgée de dix ans, pour éliminer l'enfant en tant que témoin. Alors que Deborah était encore en vie, les trois délinquants lui ont pratiqué une césarienne sommaire à l'aide d'une paire de ciseaux de cuisine pour en extraire l'enfant à naître. Ils l'ont ensuite poignardée dans le cou, ont nettoyé le bébé dans l'évier et sont partis, emmenant avec eux le fils de Deborah, Joshua, âgé de huit ans. Williams et Caffey ont emmené les deux enfants chez un ami pendant un certain temps, puis à leur propre domicile, où ils ont tranché la gorge de Joshua. Ils ont ensuite emmené le corps à une quinzaine de kilomètres pour le jeter, avant de rentrer chez eux pour s'occuper de leur nouveau bébé.
Entre-temps, le petit ami actuel de Deborah est rentré chez lui et l'a trouvée morte, avec deux enfants disparus. L'un des garçons était toujours là, indemne, et comme c'était l'enfant de Ward, les soupçons se sont portés sur lui. De plus, les amis qui avaient vu les deux enfants avant que Joshua ne soit tué en ont parlé à la police.
Les détectives ont rattrapé les trois délinquants et les ont arrêtés. Willams a déclaré à la police que Caffey voulait un enfant de sexe masculin et qu'il avait fait pression sur elle à ce sujet, elle avait donc simulé sa grossesse pour qu'elle coïncide avec celle de Deborah. Elle avait pris du poids pour passer pour enceinte afin que personne ne se demande comment elle avait soudainement accouché d'un bébé.
Tous ont été reconnus coupables lors du procès et Williams a été condamnée à deux peines de prison à vie, parce qu'elle avait été maltraitée (certains témoignages affirment qu'elle a été condamnée à mort). Levern Ward a également été condamné à la prison à vie, tandis que Caffey est passé dans le couloir de la mort, bien que la peine de mort ait été commuée en 2000. Malgré cela, il était l'un des deux détenus dont l'exécution était prévue, mais le gouverneur Ryan a commué définitivement toutes les peines de mort lorsqu'il a quitté ses fonctions en 2003.
Le bébé, Elijah, n'a pas été blessé dans cet incident et est élevé par des proches. Dans les deux cas, il s'agissait d'une violation de domicile, mais dans le cas suivant, la victime a été attirée dans le repaire.
Un "cadeau" mal orienté
En avril 2005, Sarah Brady a affirmé avoir été attirée dans un appartement de Fort Mitchell, dans le Kentucky, selon un article du Washington Post, et s'être retrouvée au milieu d'une pièce remplie d'outils chirurgicaux. Une chambre d'enfant était aménagée pour un bébé dans cette maison, mais il n'y avait pas de bébé. Sarah était venue là parce qu'une autre femme, "Sarah Brody", alias Katie Smith, lui avait dit qu'elles s'étaient toutes deux inscrites pour des cadeaux dans le même magasin, mais que le magasin avait livré celui de Brady par erreur. C'était une erreur compréhensible, puisque leurs noms étaient si similaires.
Sarah, âgée de 26 ans, était enceinte de neuf mois et en pleine fête du bébé, de sorte que l'histoire était crédible pour elle. En fait, elle était inscrite dans ce magasin et elle ne pouvait pas imaginer que quelqu'un était en train de l'attirer vers la mort. Cependant, une fois arrivée chez Smith, elle a rapidement compris que l'appel téléphonique était un canular et qu'elle avait été piégée pour venir. Mais elle était piégée.
Smith s'est approché d'elle avec un couteau pour essayer de la tuer et de lui enlever son bébé, mais Sarah s'est battue avec acharnement. Elle a réussi à arracher l'arme et à poignarder à mort son agresseur, une nounou au chômage. Au cours du processus, elle a subi quelques coupures, mais son bébé n'a pas été blessé. Elle s'est immédiatement rendue à la police pour signaler l'incident. Aussi improbable que la situation puisse paraître, les preuves confirment l'histoire de Sarah, et aucune charge n'est retenue.
Une enquête a permis de découvrir dans l'ordinateur de Smith des preuves qu'elle avait sélectionné Sarah via une liste de naissance en ligne. Comme Smith était morte, elle n'était pas là pour répondre aux questions, mais il est probable que Sarah correspondait physiquement à ce que Smith avait en tête. Elle vivait aussi dans la bonne région. Apparemment, Smith, 22 ans, avait formé un plan élaboré. Pendant quelques mois, elle a porté des vêtements rembourrés pour faire croire à ceux qui la connaissaient qu'elle était enceinte. Elle a même porté sur elle une photo d'une échographie fœtale de jumeaux pour montrer aux gens "son bébé" en train de se développer. Célibataire, Smith a dit à ses amis qu'elle avait déjà été enceinte mais qu'elle avait perdu le bébé. (Ayant choisi Sarah, elle attendit son heure avant de passer l'appel qui aboutit à cet incident choquant. Parmi d'autres situations de ce genre, elle était unique pour la manière de calculer. Elle était également unique en ce sens que c'est l'auteur du crime qui est mort, et non la femme visée.
Modèle névrotique
L'incident Brady/Smith était la neuvième agression d'une femme enceinte aux États-Unis depuis 1987, selon le National Center for Missing and Exploited Children. Sept des neuf femmes sont mortes, et sept des bébés volés ont survécu. (Sarah Brady et sa fille ont toutes deux survécu).
Ce qui est étrange dans ce type de crime, c'est que si les prédateurs semblent être mentalement instables, ils sont très organisés et disposent généralement d'un plan élaboré mis en œuvre sur plusieurs mois. Bien que leurs méthodes puissent différer, elles présentent un schéma assez prévisible. Ces crimes sont généralement commis par des femmes qui utilisent une arnaque de type confiance et qui ont des antécédents de tromperie dans d'autres domaines de leur vie. Habituellement, elles travaillent seules, développant une relation avec une "cible prédéterminée", mais certaines se font aider.
Le docteur Phillip Resnick, qui a participé à la défense d'Andrea Yates (qui a noyé ses cinq enfants) et de Deanna Laney (qui a lapidé les siens), a déclaré aux journalistes qu'il interprétait l'acte d'arrachage de fœtus comme l'instinct maternel qui a mal tourné. Son nom clinique est "enlèvement de nouveau-né par césarienne". Les auteurs de ces actes sont généralement des femmes qui ont appris qu'elles ne pouvaient pas avoir d'enfants ou qui ont perdu un enfant. Leur désir d'être mères se transforme en une détermination rusée à obtenir un bébé, et elles recherchent donc une femme enceinte vulnérable. Mentalement, elles sont allées si loin au-delà de la normale que le coût d'une vie pour acquérir un enfant leur semble minime. Le bébé, pensent-ils, les complétera, et ils sont souvent jaloux des femmes qui ont des bébés ou qui sont sur le point d'accoucher. Resnick explique que le fait d'être stérile revêt un symbolisme terrible, si fort dans l'esprit de ces délinquants qu'ils ne voient que leur propre besoin, et non les conséquences ultimes pour eux-mêmes ou pour les autres.
En 2002, une étude a été publiée dans le Journal of Forensic Sciences sur l'enlèvement par césarienne. L'étude a examiné six incidents de ce type, extraits de 199 cas d'enlèvement de nourrissons survenus entre 1983 et 2000. Cinq des auteurs voulaient le bébé pour eux-mêmes, tandis qu'un autre avait l'intention de le vendre. Dans certains cas, ils espéraient consolider une relation défaillante, tandis que d'autres étaient obsédés par l'idée d'avoir un bébé.
On a constaté que les personnes qui commettent de tels crimes sont égocentriques, obsédées par les bébés et ont tendance à vivre dans un monde de fantaisie délirante, mais elles ne sont pas considérées comme psychotiques. C'est-à-dire qu'ils sont pleinement conscients de la réalité ; ils préfèrent simplement leur fantaisie. En général, ils sont socialement fonctionnels jusqu'à ce qu'ils basculent dans leur imaginaire, auquel cas ils ont tendance à se dissocier et à perdre leur intégration psychologique. "Pour utiliser une métaphore, dit Burgess, leur identité et leur capacité d'intégration ne tiennent qu'à un fil. Lorsque le lacet est défait, ils s'effilochent". En général, ils sont froids et détachés en tant qu'individus, et clairement égocentriques au point d'avoir un mépris insensible pour la façon dont ils traitent les autres. Souvent, elles présentent un trouble de la personnalité, et l'impossibilité d'avoir un enfant comme elles le souhaitent peut porter un coup à leur sentiment narcissique de soi.
Leur mode opératoire repose sur une approche de type confidence, dans laquelle ils prétendent être ce qu'ils ne sont pas afin de gagner la confiance de leur victime. Elles ont également fait croire à d'autres qu'elles étaient enceintes. En général, ils utilisent un couteau ou un dispositif de coupe pour enlever l'enfant, mais tuent la mère par balles ou par strangulation. Plusieurs d'entre eux ont un casier judiciaire.
Curieusement, ils sont souvent si absorbés par la préparation du jour où ils recevront leur bébé qu'ils ne pensent pas aux questions qui leur seront posées, ni aux questions pratiques telles que les certificats de naissance. C'est généralement ainsi qu'elles se font prendre.
La nouvelle est tombée de Skidmore, dans le Missouri, le 16 décembre 2004, qu'une femme enceinte, Bobbi Jo Stinnett, 23 ans, avait été assassinée. Attendant une petite fille à la mi-janvier, elle avait été victime d'une femme dérangée ayant une obsession bizarre. Bien qu'il ne s'agisse pas du seul incident de ce type, celui-ci est devenu une nouvelle internationale.
À 15 h 30, Becky Harper, la mère de Bobbie Jo, s'engage dans la rue sans issue où Bobbie Jo vit avec son mari, Zeb. Ils étaient mariés depuis seulement deux ans et étaient sur le point d'avoir leur premier enfant. Becky remarque la porte légèrement entrouverte, ce qui l'inquiète. Il faisait trop froid pour cela, d'autant plus que Bobbie Jo était enceinte. Elle est entrée pour jeter un coup d'oeil, et comme Diane Fanning l'a rapporté dans Baby Be Mine, elle a trouvé sa fille sur le sol, littéralement dépecée. Bobbi Jo respirait à peine et Becky avait l'impression que ses intestins avaient explosé. En appelant le 911, Becky a essayé de ranimer sa fille en suivant les instructions du répartiteur, mais il était trop tard. Bobbie Jo a expiré avant son arrivée à l'hôpital. Elle avait été assassinée, apparemment pour kidnapper son enfant à naître.
M. William Phelps a également relaté cette histoire dans Murder in the Heartland, bien que les deux auteurs aient publié leurs livres avant que les questions juridiques ne surgissent et que le procès ne débute. Le principal suspect avait fait des aveux, mais l'enquête était toujours en cours. William Phelps a abordé l'histoire sous un angle différent en s'entretenant avec Carl Boman, l'ex-mari de l'auteur du crime. Il a pris l'avantage lorsque Boman a proposé de dire tout ce qu'il savait sur sa femme, qui était contrôlante et mentalement instable.
Lisa Montgomery, la suspecte, avait dit aux gens qu'elle était enceinte de jumeaux, mais qu'elle avait fait une fausse couche avec l'un d'eux. Elle s'est procuré une photo d'échographie sur Internet pour montrer aux gens "son" bébé et leur a même dit que la date prévue de l'accouchement était en décembre. Elle avait acheté un certain nombre d'articles, comme toute future mère le ferait, et avait installé une crèche chez elle.
Pourtant, comme le soulignent Phelps et plusieurs journalistes, ce n'était pas la première fois qu'elle prétendait être enceinte, et à ces autres occasions, elle n'a jamais produit de bébé. Elle avait même gonflé son estomac de façon convaincante lors d'une grossesse hystérique, mais en fin de compte, elle n'a pas pu maintenir la ruse. (Certaines femmes sont capables d'avaler de l'air pour simuler la dureté d'un ventre de femme enceinte). On ne savait jamais quoi croire avec Lisa Montgomery. En fait, Boman savait qu'après leur quatrième enfant, elle s'était fait ligaturer les trompes pour éviter d'avoir d'autres enfants, alors pourquoi elle affichait cette grossesse, c'était à n'importe qui de le deviner. La mère de Lisa aurait dit qu'elle était simplement désespérée d'avoir un bébé.
Si désespérée, en fait, qu'elle était prête à comploter un meurtre et à l'exécuter. Elle a mis en place un plan élaboré, a choisi sa victime et a décidé de la manière dont elle allait récupérer le bébé et le ramener à la maison. Ce jour-là, Bobbie Jo n'avait aucune idée de ce qui l'attendait.
Prédateur prénatal
Elle avait rencontré Lisa Montgomery sur un forum Internet consacré aux chiens et elles avaient échangé des courriels sur les rat-terriers de Bobbie Jo. Montgomery a exprimé son intérêt pour voir les chiots chez les Stinnett, et Bobbie Jo était heureuse de trouver quelqu'un d'autre qui avait de l'affection pour ces chiens. Elle invite Lisa, qui utilise un faux nom, à venir chez elle. Bobbie Jo était loin de se douter que Montgomery ne s'intéressait pas à ses chiens ; elle avait ciblé Bobbie Jo parce qu'elle était enceinte. Elle l'avait même appâtée avec des photos de rat-terriers, postées sur un tableau d'affichage quelques jours avant leur rencontre. Rétrospectivement, il est clair qu'elle avait couvert toutes les bases pour tenter de voler le bébé de Bobbie Jo.
Dans l'après-midi du 16 décembre, Montgomery est arrivée au domicile des Stinnett, après avoir parcouru 170 miles depuis le Kansas. On ne sait pas si elle a fait semblant d'évaluer les chiots ou si elle est passée aux choses sérieuses, mais au moment où Montgomery pensait avoir un avantage, elle a frappé par derrière, étranglant Bobbie Jo avec une corde, puis lui ouvrant le ventre avec un couteau de cuisine pour retirer le bébé. L'enfant était une fille.
Montgomery s'enfuit, emportant l'enfant avec elle au Kansas, où elle espérait convaincre son mari, ses enfants et ses amis qu'elle venait d'accoucher. Elle a appelé son mari depuis la route pour le lui dire, et il a apparemment accepté ce développement sans poser de questions. Pendant ce temps, Bobbie Jo a été retrouvée dans une mare de sang.
Ce matin-là, Bobbie Jo avait téléphoné à sa mère et lui avait dit qu'une femme venait d'arriver de Fairfax, dans le Missouri, qu'elle avait rencontrée sur Internet. Elles ont mis fin à leur conversation. Becky a donné cette information à la police. Ils ont également parcouru le quartier pour demander aux habitants ce qu'ils avaient vu.
Le médecin légiste a indiqué que Bobbie Jo avait été ouverte latéralement pour faciliter le retrait du bébé sans le blesser, et que le cordon ombilical avait été coupé. Dans les mains de Bobbie Jo se trouvaient des mèches de cheveux blonds, indiquant qu'il y avait eu une lutte avant sa mort. En fait, il y avait des taches de sang dans toute la pièce, comme si l'auteur du crime avait eu du mal à maîtriser Bobbie Jo. Cela aussi confirme la possibilité qu'une femme ait été impliquée.
Après quelques problèmes bureaucratiques, une alerte "Amber" a été déclenchée pour étendre la recherche du bébé disparu au-delà des frontières de l'État, tandis que des détectives spécialisés dans la criminalistique informatique examinaient les e-mails de Stinnett. Ils ont rapidement déterminé l'identité de son agresseur probable, qui utilisait le nom de Darlene Fischer (pseudonyme Fischer4kids) et cherchait apparemment à acheter un chiot. Cela correspondait à ce que Becky Harper avait rapporté. Des voisins ont dit aux enquêteurs qu'une Honda rouge sale avait été garée devant la maison ce jour-là, et ils ont donc inclus cette information dans le bulletin. Ils espéraient que quelqu'un sur la route l'avait vue. On ne savait pas ce que ce kidnappeur brutal pouvait faire.
Récupération rapide
Un tuyau téléphoné par quelqu'un qui a repéré une Honda rouge ressemblant à celle que les autorités recherchaient a permis d'établir que l'assassin de Bobbie Jo s'était enfui au Kansas. La police y a trouvé la voiture, mais l'a perdue sur une voie sombre lorsque le conducteur a éteint les feux et a continué sa route.
Le lendemain, grâce à des spécialistes en sécurité informatique, les autorités ont appris l'adresse du visiteur de Bobbi Jo et ont localisé la Honda rouge dans l'allée d'une maison à Melvern, au Kansas. Là, ils ont trouvé une petite fille et arrêté Lisa Montgomery.
Sa déclaration selon laquelle elle avait accouché au Topeka Birth and Women's Centre la veille s'est avérée être un mensonge. Dans sa voiture se trouvaient une corde, un couteau, des gants, un masque de ski et d'autres objets compromettants. L'enfant était en bonne santé et les tests ADN ont rapidement confirmé qu'il s'agissait du bébé des Stinnett. Zeb Stinnett a été autorisé à la ramener chez lui. Troublé par la perte de sa femme, il se réjouit néanmoins de retrouver sa fille saine et sauve, et la nomme Victoria Jo.
Avec l'intervention du FBI, Montgomery, 36 ans, a finalement craqué et a avoué le meurtre et l'enlèvement. Comme elle avait trompé son mari sur sa grossesse, il n'a pas été inculpé. L'histoire a fini par se savoir.
Montgomery avait piégé Stinnett en montrant de l'intérêt pour ses chiens. Une photo a fait surface, indiquant qu'ils s'étaient rencontrés quelques mois plus tôt lors d'une exposition canine. Apparemment, elle avait estimé que Bobbie Jo serait à environ un mois de l'accouchement, ce qui garantissait la survie du bébé en cas de naissance prématurée. Elle avait donc pris rendez-vous et fait l'acte, laissant Bobbie Jo se vider de son sang.
Puis Montgomery a téléphoné à son mari depuis Topeka pour lui dire qu'elle avait accouché pendant qu'elle faisait des courses dans cette ville. Il est allé à sa rencontre et l'a ramenée chez lui avec le nouveau bébé, sans se douter que non seulement cet enfant n'était pas le sien, mais qu'il avait été arraché à une femme assassinée. Montgomery a même montré le bébé à des personnes dans une banque, alertant un voisin pour qu'il prévienne la police car le bébé était manifestement prématuré.
L'ancien mari de Montgomery, Carl Boman, a déclaré aux journalistes de l'Associated Press que Montgomery avait souvent cherché à attirer l'attention en prétendant être enceinte, mais qu'elle s'était fait ligaturer les trompes quatorze ans auparavant. Elle a été accusée d'enlèvement ayant entraîné la mort et placée en prison. Avant le début de son procès, plusieurs questions complexes ont été soulevées.
La folie, l'impulsivité et les scanners cérébraux
Les procureurs s'attendaient à ce qu'il y ait une défense d'aliénation mentale. Quelle femme serait si désespérée pour avoir un enfant qu'elle tuerait et mutilerait une autre femme, à moins qu'elle ne soit complètement psychotique ? Elle avait avoué le meurtre, donc la seule chose qui restait à faire à son avocat était une défense d'aliénation mentale. Ses antécédents de grossesses hystériques l'aideraient, tout comme la nature extrême du crime et l'incapacité de la plupart des gens normaux à l'imaginer. Qu'elle ait étranglé Bobbie Jo de ses propres mains pouvait sembler aux jurés l'oeuvre d'une folle.
En fait, le journaliste Kevin Murphy avait déterré un diagnostic potentiel : la pseudocyesis, ou la recherche d'attention en simulant une grossesse ou en la trompant. Il a également mentionné la dissociation, dans laquelle certaines femmes peuvent se convaincre qu'elles sont enceintes au point de présenter des symptômes physiques. La cause sous-jacente est généralement une anxiété intense. Apparemment, l'idée d'être enceinte a un effet calmant. La mère de Montgomery avait déjà essayé de la faire interner, mais elle avait été évaluée comme n'étant pas un danger pour elle-même ou pour les autres, et l'internement avait été refusé. Ceci, aussi, sera évoqué au procès.
Le procureur Todd Graves a annoncé en janvier 2005 qu'il envisageait de demander la peine de mort. En novembre, il l'a confirmé, puis en mars 2007, des questions ont surgi sur des concepts philosophiques. L'avocat de Montgomery, Fred Duchardt, s'est demandé si l'enfant qu'elle avait prétendument coupé de l'utérus était légalement une personne. S'appuyant sur les arrêts de la Cour suprême des États-Unis (Roe v. Wade), il a déclaré que si Victoria Jo était considérée comme un fœtus avant la mort de sa mère, elle ne pouvait pas être légalement enlevée, car elle n'était pas techniquement une personne. De plus, Montgomery n'avait été un danger que pour une seule personne, Bobbie Jo, ce qui réduisait les circonstances à un crime capital. Duchardt a donc demandé à la cour d'interdire aux procureurs de demander la peine de mort.
Graves a fait valoir qu'une fois que Victoria avait été extraite du ventre de sa mère, elle était une personne et pouvait donc être enlevée. En outre, en avril 2004, le président Bush avait promulgué la loi sur les victimes de la violence à l'encontre des enfants à naître, qui protège ces derniers contre les agressions et les meurtres. Ils sont donc définis comme des personnes. Dans ce cas, l'accusation d'enlèvement était toujours pertinente, et Montgomery avait représenté un danger pour deux personnes.
Le procès a été retardé afin que les professionnels de la santé mentale puissent terminer leurs rapports, mais les audiences ont eu lieu à la fin du mois d'août 2007 avec une bataille de neurologues. L'expert de l'accusation, le Dr Alan Evans, a déclaré que le scanner cérébral de Montgomery était proche de la normale, tandis que l'expert de la défense, le Dr Ruben Gur, a déclaré qu'elle présentait une anomalie qui aurait pu entraîner une croyance erronée qu'elle était enceinte. En d'autres termes, les anomalies sur son cerveau étaient compatibles avec un diagnostic de pseudocyesis. Comme le rapporte le Kansas City Star, Gur a affirmé que Montgomery avait souffert d'un traumatisme crânien antérieur qui avait affecté une zone du cerveau contrôlant l'agressivité, et qu'elle n'avait peut-être pas pu s'empêcher de commettre le crime. Le procureur a contesté la crédibilité de ce rapport pour des raisons scientifiques, et la neurologue clinique Helen Mayberg a déclaré que poser un diagnostic sur le comportement de Montgomery à partir d'un scanner cérébral "est fondamentalement impossible".
Le procès était prévu pour octobre 2007, avec une défense d'aliénation mentale comprenant des preuves que Montgomery souffrait de dépression, de stress post-traumatique, de délires de grossesse et d'impulsivité. Il appartenait au juge Gary Fenner de décider ce qu'il acceptait comme preuve scientifique, mais à ce jour, il n'a pas encore pris sa décision. La sélection du jury a commencé le 1er octobre et le procès devrait durer un mois, avec plus de 100 éléments de preuve et presque autant de témoins. La question philosophique avait été résolue, au moins, avec la décision de considérer Victoria Jo comme une personne, avec tous ses droits.
Pourtant, ce n'était pas le premier incident de ce genre, et d'autres ont connu des issues bien pires.
Triple Homicide
À Addison, dans l'Illinois, en 1995, un couple nommé Fedell Caffey et Jacqueline Williams voulait désespérément un bébé, et ils connaissaient une femme, Deborah Evans, qui était prête à accoucher. Ils pensaient que le père de l'enfant était Lavern Ward, le cousin de Williams et l'ancien petit ami de Deborah. Deborah a eu un fils avec lui, qui avait alors dix-neuf mois. Elle avait également une ordonnance restrictive contre Ward pour violence domestique, et il était suffisamment en colère pour avoir menacé de la tuer. Cependant, Deborah avait souvent été gentille avec Williams, ce qui rend l'incident encore plus sinistre.
Tous trois sont entrés au domicile de Deborah le soir du 16 novembre, et Williams ou Caffey ont tiré une balle dans la tête de Deborah, mais la balle a touché un os et n'a fait que la rendre invalide. Ward et Caffey ont ensuite poignardé à mort la fille de Deborah, âgée de dix ans, pour éliminer l'enfant en tant que témoin. Alors que Deborah était encore en vie, les trois délinquants lui ont pratiqué une césarienne sommaire à l'aide d'une paire de ciseaux de cuisine pour en extraire l'enfant à naître. Ils l'ont ensuite poignardée dans le cou, ont nettoyé le bébé dans l'évier et sont partis, emmenant avec eux le fils de Deborah, Joshua, âgé de huit ans. Williams et Caffey ont emmené les deux enfants chez un ami pendant un certain temps, puis à leur propre domicile, où ils ont tranché la gorge de Joshua. Ils ont ensuite emmené le corps à une quinzaine de kilomètres pour le jeter, avant de rentrer chez eux pour s'occuper de leur nouveau bébé.
Entre-temps, le petit ami actuel de Deborah est rentré chez lui et l'a trouvée morte, avec deux enfants disparus. L'un des garçons était toujours là, indemne, et comme c'était l'enfant de Ward, les soupçons se sont portés sur lui. De plus, les amis qui avaient vu les deux enfants avant que Joshua ne soit tué en ont parlé à la police.
Les détectives ont rattrapé les trois délinquants et les ont arrêtés. Willams a déclaré à la police que Caffey voulait un enfant de sexe masculin et qu'il avait fait pression sur elle à ce sujet, elle avait donc simulé sa grossesse pour qu'elle coïncide avec celle de Deborah. Elle avait pris du poids pour passer pour enceinte afin que personne ne se demande comment elle avait soudainement accouché d'un bébé.
Tous ont été reconnus coupables lors du procès et Williams a été condamnée à deux peines de prison à vie, parce qu'elle avait été maltraitée (certains témoignages affirment qu'elle a été condamnée à mort). Levern Ward a également été condamné à la prison à vie, tandis que Caffey est passé dans le couloir de la mort, bien que la peine de mort ait été commuée en 2000. Malgré cela, il était l'un des deux détenus dont l'exécution était prévue, mais le gouverneur Ryan a commué définitivement toutes les peines de mort lorsqu'il a quitté ses fonctions en 2003.
Le bébé, Elijah, n'a pas été blessé dans cet incident et est élevé par des proches. Dans les deux cas, il s'agissait d'une violation de domicile, mais dans le cas suivant, la victime a été attirée dans le repaire.
Un "cadeau" mal orienté
En avril 2005, Sarah Brady a affirmé avoir été attirée dans un appartement de Fort Mitchell, dans le Kentucky, selon un article du Washington Post, et s'être retrouvée au milieu d'une pièce remplie d'outils chirurgicaux. Une chambre d'enfant était aménagée pour un bébé dans cette maison, mais il n'y avait pas de bébé. Sarah était venue là parce qu'une autre femme, "Sarah Brody", alias Katie Smith, lui avait dit qu'elles s'étaient toutes deux inscrites pour des cadeaux dans le même magasin, mais que le magasin avait livré celui de Brady par erreur. C'était une erreur compréhensible, puisque leurs noms étaient si similaires.
Sarah, âgée de 26 ans, était enceinte de neuf mois et en pleine fête du bébé, de sorte que l'histoire était crédible pour elle. En fait, elle était inscrite dans ce magasin et elle ne pouvait pas imaginer que quelqu'un était en train de l'attirer vers la mort. Cependant, une fois arrivée chez Smith, elle a rapidement compris que l'appel téléphonique était un canular et qu'elle avait été piégée pour venir. Mais elle était piégée.
Smith s'est approché d'elle avec un couteau pour essayer de la tuer et de lui enlever son bébé, mais Sarah s'est battue avec acharnement. Elle a réussi à arracher l'arme et à poignarder à mort son agresseur, une nounou au chômage. Au cours du processus, elle a subi quelques coupures, mais son bébé n'a pas été blessé. Elle s'est immédiatement rendue à la police pour signaler l'incident. Aussi improbable que la situation puisse paraître, les preuves confirment l'histoire de Sarah, et aucune charge n'est retenue.
Une enquête a permis de découvrir dans l'ordinateur de Smith des preuves qu'elle avait sélectionné Sarah via une liste de naissance en ligne. Comme Smith était morte, elle n'était pas là pour répondre aux questions, mais il est probable que Sarah correspondait physiquement à ce que Smith avait en tête. Elle vivait aussi dans la bonne région. Apparemment, Smith, 22 ans, avait formé un plan élaboré. Pendant quelques mois, elle a porté des vêtements rembourrés pour faire croire à ceux qui la connaissaient qu'elle était enceinte. Elle a même porté sur elle une photo d'une échographie fœtale de jumeaux pour montrer aux gens "son bébé" en train de se développer. Célibataire, Smith a dit à ses amis qu'elle avait déjà été enceinte mais qu'elle avait perdu le bébé. (Ayant choisi Sarah, elle attendit son heure avant de passer l'appel qui aboutit à cet incident choquant. Parmi d'autres situations de ce genre, elle était unique pour la manière de calculer. Elle était également unique en ce sens que c'est l'auteur du crime qui est mort, et non la femme visée.
Modèle névrotique
L'incident Brady/Smith était la neuvième agression d'une femme enceinte aux États-Unis depuis 1987, selon le National Center for Missing and Exploited Children. Sept des neuf femmes sont mortes, et sept des bébés volés ont survécu. (Sarah Brady et sa fille ont toutes deux survécu).
Ce qui est étrange dans ce type de crime, c'est que si les prédateurs semblent être mentalement instables, ils sont très organisés et disposent généralement d'un plan élaboré mis en œuvre sur plusieurs mois. Bien que leurs méthodes puissent différer, elles présentent un schéma assez prévisible. Ces crimes sont généralement commis par des femmes qui utilisent une arnaque de type confiance et qui ont des antécédents de tromperie dans d'autres domaines de leur vie. Habituellement, elles travaillent seules, développant une relation avec une "cible prédéterminée", mais certaines se font aider.
Le docteur Phillip Resnick, qui a participé à la défense d'Andrea Yates (qui a noyé ses cinq enfants) et de Deanna Laney (qui a lapidé les siens), a déclaré aux journalistes qu'il interprétait l'acte d'arrachage de fœtus comme l'instinct maternel qui a mal tourné. Son nom clinique est "enlèvement de nouveau-né par césarienne". Les auteurs de ces actes sont généralement des femmes qui ont appris qu'elles ne pouvaient pas avoir d'enfants ou qui ont perdu un enfant. Leur désir d'être mères se transforme en une détermination rusée à obtenir un bébé, et elles recherchent donc une femme enceinte vulnérable. Mentalement, elles sont allées si loin au-delà de la normale que le coût d'une vie pour acquérir un enfant leur semble minime. Le bébé, pensent-ils, les complétera, et ils sont souvent jaloux des femmes qui ont des bébés ou qui sont sur le point d'accoucher. Resnick explique que le fait d'être stérile revêt un symbolisme terrible, si fort dans l'esprit de ces délinquants qu'ils ne voient que leur propre besoin, et non les conséquences ultimes pour eux-mêmes ou pour les autres.
En 2002, une étude a été publiée dans le Journal of Forensic Sciences sur l'enlèvement par césarienne. L'étude a examiné six incidents de ce type, extraits de 199 cas d'enlèvement de nourrissons survenus entre 1983 et 2000. Cinq des auteurs voulaient le bébé pour eux-mêmes, tandis qu'un autre avait l'intention de le vendre. Dans certains cas, ils espéraient consolider une relation défaillante, tandis que d'autres étaient obsédés par l'idée d'avoir un bébé.
On a constaté que les personnes qui commettent de tels crimes sont égocentriques, obsédées par les bébés et ont tendance à vivre dans un monde de fantaisie délirante, mais elles ne sont pas considérées comme psychotiques. C'est-à-dire qu'ils sont pleinement conscients de la réalité ; ils préfèrent simplement leur fantaisie. En général, ils sont socialement fonctionnels jusqu'à ce qu'ils basculent dans leur imaginaire, auquel cas ils ont tendance à se dissocier et à perdre leur intégration psychologique. "Pour utiliser une métaphore, dit Burgess, leur identité et leur capacité d'intégration ne tiennent qu'à un fil. Lorsque le lacet est défait, ils s'effilochent". En général, ils sont froids et détachés en tant qu'individus, et clairement égocentriques au point d'avoir un mépris insensible pour la façon dont ils traitent les autres. Souvent, elles présentent un trouble de la personnalité, et l'impossibilité d'avoir un enfant comme elles le souhaitent peut porter un coup à leur sentiment narcissique de soi.
Leur mode opératoire repose sur une approche de type confidence, dans laquelle ils prétendent être ce qu'ils ne sont pas afin de gagner la confiance de leur victime. Elles ont également fait croire à d'autres qu'elles étaient enceintes. En général, ils utilisent un couteau ou un dispositif de coupe pour enlever l'enfant, mais tuent la mère par balles ou par strangulation. Plusieurs d'entre eux ont un casier judiciaire.
Curieusement, ils sont souvent si absorbés par la préparation du jour où ils recevront leur bébé qu'ils ne pensent pas aux questions qui leur seront posées, ni aux questions pratiques telles que les certificats de naissance. C'est généralement ainsi qu'elles se font prendre.
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